Vincent Ruffin n’est pas un peintre. C’est un peintre immense. Son approche virtuose de la couleur ressemble à celle de Peter Doig : alors la couleur n’est plus la couleur.
Que peut la couleur ? Quelle empreinte laisse-t-elle dans les âmes ? La couleur promet des mondes, c’est une matière sérieuse, cinglée, poétique, aquatique, sacrée. Vincent Ruffin cherche en elle un refuge, comme un abri, un espace autre où la douceur, l’enfance, la mémoire regardent leurs histoires. Il compose des scènes ou des portraits qu’il plonge dans des teintes à l’envers du réel. Nuances de rose, d’orange, de mauve. Il capture l’impossible – la tendresse, une drôle de grâce.
Une femme en robe bleue est assise sur une chaise sous un lustre vert. Le mur est rose poudré, le sol mandarine, et tout est transcendé, le corps, le lieu ; la solitude éclabousse la toile, l’ordinaire devient fascinant, insaisissable – le banal, une étincelle. On pourrait, facile, rester des heures devant la toile, à tenter de déchiffrer sa profondeur. Vincent Ruffin fabrique des secrets, des silences et des troubles. Il crée du merveilleux, puisant au fond du quotidien le mystère de l’existence.
Et une jeune fille avec des bottes sur un lit attend. Elle attend quoi ? Que la vie vienne. Qu’un amour arrive. Pleure-t-elle ? La chambre est un décor qui s’efface. Les lampes, le mobilier, les rideaux des fenêtres sont à peine là pendant que sur la fille coulent des larmes imaginaires, des pensées, ou une pluie sortie de nulle part. Dans les tableaux de Vincent, toujours il y a des ruissellements, des choses humides, des moments liquides. Les aplats salivent, et les scènes sous nos yeux se muent en rêverie, en un songe flou – un vieux souvenir.
Et c’est un adulte en culotte courte qui tient dans sa main une barbe à papa, le marchand de glaces et sa cahute ne sont pas loin. Le ciel étrange, émeraude, explose au-dessus d’eux alors que la terre est un mouvement qui se dérobe. La tête de l’homme, jaune, grésille presque, comme ces films prisonniers des VHS de famille, et de notre mémoire collective.
Vincent Ruffin peint l’adolescence, alanguie dans des herbes hautes et des couchers de soleil, des corps emmêlés sur le matelas rose d’une tente de camping, des amis qui fêtent l’amitié sous des palmiers, des corps qui dansent devant une voiture vintage qui ressemble à la liberté. Il peint nos vies, banales et renversantes, il peint nos solitudes, insupportables et sublimes, il peint le souvenir de l’enfance, mélancolique et joyeux.
Vincent jette ses personnages dans des territoires paisibles, sensibles et sensuels où les couleurs deviennent des émotions. C’est une illusion du monde. C’est un endroit fabuleux.
Julie Estève, écrivain, avril 2023
Vincent Ruffin
Poème chromatique II
Canoé sur Rompsay, 2021
peinture à l’huile sur toile
146 x 114 cm
VR-2103
©Vincent Ruffin
l’insouciance, 2022
peinture à l’huile sur toile
162 x 130 cm
VR-2209 ©Vincent Ruffin
Un jour à Barèges 1, 2022
peinture à l’huile sur toile
162 x 114 cm
VR-2206
©Vincent Ruffin
Ed., 2022
peinture à l’huile sur toile
55 x 46 cm
VR-2213 ©Vincent Ruffin
Eté, 2022,
peinture à l’huile sur toile
73 x 92 cm
VR-2203
©Vincent Ruffin
J.A., 2022
peinture à l’huile sur toile
46 x 38 cm
VR-2212 ©Vincent Ruffin
Teddy, 2022
peinture à l’huile sur toile
27 x 22 cm
VR-2202
©Vincent Ruffin w
JF, 2021
peinture à l’huile sur toile
130 x 80,5 cm
VR-2105
©Vincent Ruffin
Moment plage 2021
peinture à l’huile sur toile
116 x 81 cm
VR-2108
©Vincent Ruffin
Martin, 2020
peinture à l’huile sur toile
65 x 92 cm
VR-2003
©Vincent Ruffin
Jeu d’eau, 2021
peinture à l’huile sur toile
65 x 80 cm
VR-2106
©Vincent Ruffin
Déjeuner sur le sable, 2021
peinture à l’huile sur toile
146 x 93 cm
VR-2113
©Vincent Ruffin
La piscine, 2020
peinture à l’huile sur toile
73 x 69 cm
VR-2006
©Vincent Ruffin
Ma chambre, 2017
peinture à l’huile sur toile
116,5 x 96,5 cm
VR-1707
©Vincent Ruffin
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