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Biographie

Où se loge la beauté du monde, sa complexité ? Dans les nervures d’une feuille et une jungle d’herbes, à l’intérieur d’un chou rouge ou un morceau de forêt, dans la souche d’un tronc d’arbre. Tout est paysage – un visage, un corps, un jardin.

Après avoir regardé les hommes, Konrad fouille la nature, s’empare de sa mystérieuse perfection. Il s’inscrit dans la droite ligne des grands artistes de l’hyperréalisme – Lee Jeffries, Chuck Close, Jacques Monory, et dessine dans « Garden » un herbier poétique, hypnotisant, sentimental. Sa virtuosité technique n’imite pas le réel, elle le bouscule et l’entraîne dans un ailleurs lyrique, existentiel. Elle enregistre plusieurs couches de réalités – l’épi de blé n’est plus un épi de blé, l’écorce de l’arbre n’est plus une simple écorce.

L’épi, l’écorce deviennent des totems, de nouveaux hiéroglyphes, représentent tout ce que l’on oublie de voir, tout ce qui pourrait disparaître. Ils sont des zooms, des rappels à l’harmonie, à l’élégance, l’invraisemblable splendeur végétale. L’art ne vient pas après la destruction des écosystèmes, il vient en même temps, et Konrad fabrique un inventaire de nos plantes, de nos légumes et de nos promenades dans les bois. Il montre des natures mortes saisies par la vie, et son miracle.

Sa langue : le bleu. Le stylo à bille bleu. Ses saturations, son aura, sa douceur. Les monochromes de Konrad ont l’air de l’Eden. Rien n’est figé dans ses dessins – impression d’un mouvement perpétuel. Quand il prend les pinceaux et peint des champs d’herbes géantes, c’est le vent qui vient fouetter la nature, la secouer, dans une libération du geste. À l’intérieur de la toile, il pose au stylo des abeilles bleues – memento d’une extinction globale.

Konrad superpose les techniques. Il frotte des souches d’arbres, des troncs de bouleaux, utilise la couleur pour attraper les traces, retenir les écritures, recueillir les dessins naturels – il crée des fossiles. Il compose avec de la laine un fragment de terre mousseuse semée de cailloux, paysage miniature à poser au mur, par terre, comme une idée du bonheur, le souvenir d’une marche, pieds nus dans un jardin, un bois, une clairière. Il photographie une ombre végétale et sur le cliché dessine l’intérieur d’un chou rouge, et l’intérieur de ce chou est un cerveau ou une danse de corps nus, ou autre chose qu’importe, on regarde l’intérieur de ce chou comme s’il était la Joconde – c’est fabuleux. La perfection technique, un chemin vers la poésie.

Steve McQueen, 2024 dessin au stylo bille sur papier
59,5 x 59,5 cm
KO-2402 ©Konrad

KONRAD BLEU NATURE la perfection technique, un chemin vers la poésie

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