Poèmes chromatiques
solo show
de Vincent Ruffin …
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Deux enfants s’embrassent sous un arbre, l’arbre fend les nuages, découpe le ciel. Le ciel coule, ruisselle ; il pleut. Sous les pieds des enfants, une flaque mouille la terre ; la terre est bleue, d’un bleu de mer. Derrière les corps pris dans leur baiser, la couleur devient une vibration. Un champ d’amour, la nuit. La toile frémit, elle déborde de sensualité. C’est un poème chromatique. Un rêve fauve. La vision extatique d’une première étreinte.
Vincent Ruffin n’est pas un peintre. C’est un peintre immense. Son approche virtuose de la couleur ressemble à celle de Peter Doig : alors la couleur n’est plus la couleur. Elle est la possibilité d’une émotion. Une illusion du monde. Un puissant mirage. Vincent Ruffin peint contre le réel, à l’envers de nos sociétés acharnées de violence. Il peint des paradis suspendus, oubliés du temps. Il peint le désir. Les corps sont alanguis. Ils se détendent à la plage sous des ciels pas possibles : rose bonbec. Ils se prélassent. S’enlacent. Ils s’amusent au milieu des herbes mauves, sur des barques et dans des chambres à coucher.
C’est presque le silence. Le cri, les douleurs, la brutalité des hommes ici n’existent pas. Les tableaux de Vincent neutralisent le tumulte, les angoisses et la peur. Ils étouffent le bruit des villes. Inventent des lieux de paix, des petits armistices. Des espaces sans batailles et sans morts.
Tout y est liquide, l’air, les arbres : tout. Tout y est serein et sensuel, en rondeur. La nature se mue en des paysages mouvants et fluides. Il y a des lacs, des rivières qui glissent, une petite piscine et la pluie. Même le lit de Margaux, même les rideaux de la chambre coulent, prennent l’eau. Vincent Ruffin a un rapport aqueux à la peinture, à la matière. Des vagues chromatiques, pareilles à une danse, traversent les scènes étalées au couteau. Le mouvement vient du décor et des coups de peintures. C’est le ciel, les éléments qui tournent autour des hommes et pas l’inverse, c’est un manège.
Et c’est l’enfance – la petite fille en robe rose dans la piscine gonflable, son frère et le tuyau d’arrosage. Les adolescents assis par terre qui se racontent au milieu des ombres acidulées. Vincent Ruffin peint l’insouciance. Il peint ce mot impossible : la douceur. Vincent Ruffin n’est pas un peintre. C’est un très grand peintre.
Julie Estève, novembre 2021
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