Uncertain fates
une série photographique
inspirée des peintres romantiques
par Nicolas Dhervillers
Même dans la nuit, les arbres laissent toujours passer une lumière. On ne sait dans les bois de Nicolas Dhervillers s’il s’agit du soleil ou de la lune. L’artiste travaille dans ses photographies de savants clair-obscur qui ne laissent rien deviner des époques qui passent. Nous pourrions être à ce moment de la fin, après une apocalypse qui aurait laissé le terrain de jeu à l’état de ruine ou au moment du début, où chassés du paradis et du jardin édénique, hommes et femmes seraient au commencement de l’humanité. Nus ou tout juste couverts d’un voile, les personnages de Uncertain Fates interpellent tant ils semblent petits dans ces vues panoramiques. Placés au coeur d’une végétation hivernale, ils sont tournés vers eux-mêmes et semblent songeurs. Leurs postures méditatives et tendues, inquiètes et alanguies nous renvoient de façon subtile à notre façon de faire ou non corps avec notre environnement.
Si les hommes et femmes semblent si déplacés dans ces paysages, c’est aussi qu’ils viennent de différentes peintures du XVIIIème et XIXème siècle. On pourrait ainsi identifier, si on le voulait, des modèles de Bouguereau et de Gérôme, de Jacques-Louis David et de Fabre. Leurs postures codifiées et hiératiques contrastent dans ces prises de vues réelles. Le temps semble suspendu où la présence de l’humain n’est qu’une ombre au tableau. Esseulées et mélancoliques ces figures rappellent des compositions romantiques.
On exalte des sentiments dans un écrin de nature, le jeu des échelles comme dans une toile de Caspar David Friedrich rappelle à l’homme sa finitude tandis que les variations de la couleur des feuillages, le mouvements des branches mêmes nous invitent à nous projeter. On entrevoit des mythes et des récits mais dans un état fragmentaire qui nous invite à nous en ressaisir pour mieux écrire l’histoire.
Du début à la fin de la série, Nicolas Dhervillers a capturé ces infimes détails qui marquent le passage des saisons, de la chute des feuilles de la fin de l’automne, aux timides pousses du début de printemps en passant par le tapis de givre. L’idée d’un cycle s’immisce à mesure que l’on pourrait se poser la question de comment faire face à l’avenir. Des touches de lumières qui doivent autant à l’art du peintre qu’à l’art de la post-production attirent notre attention sur des bourgeons, des lueurs, des espoirs. L’artificialité de l’éclairage est revendiquée, elle ouvre comme ces collages à une réflexion sur le rôle de l’art pour repenser notre rapport au monde.
Henri Guette
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