Arles 2021 …
Stephan Gladieu
à l’honneur
aux Rencontres de la Photographie
Du 4 juillet au 26 septembre 2021 se déroulera à Arles les rencontres de la photographie.
À cette occasion la série Corée du Nord, Real Portraitik #4 de Stephan Gladieu sera exposée.
Retrouvez les au « Jardin d’été »
ARLES I Les Rencontres Internationales de la Photographie
LE JARDIN D’HIVER
JUILLET > SEPTEMBRE 2021
La Corée du Nord a toujours été une énigme pour moi. Comment se fait-il qu’elle n’ait jamais vacillé alors que tant d’autres régimes autoritaires se sont disloqués sous l’effet des secousses provoquées par la chute du mur de Berlin, de la modernité, des réseaux sociaux ? Elle a survécu au bloc communiste qui assurait pourtant sa stabilité politique et économique ; elle a tenu bon malgré les embargos internationaux qui la faisaient suffoquer ; elle a dépassé les crises successives, qu’elles soient économiques, climatiques ou alimentaires ; elle n’a connu aucun soulèvement massif de son peuple en dépit d’un système de contrôle et de répression permanent. Les autorités nord-coréennes ont été déroutées par ma proposition de réaliser des portraits individuels. Ma démarche « révolutionnaire » bousculait leur culture collectiviste. Pourquoi ont-elles accepté ? Dans une volonté d’ouverture, sans doute, mais aussi, je crois, parce que le concept de pose frontale, le cadre rigoureux de mes portraits leur était familier et compréhensible ; et puis le dispositif, qui flirte volontairement avec les codes de l’image de propagande, me rendait statique, prévisible et contrôlable.
Stéphan Gladieu
Corée du Nord, Photographies, 2017
Cette série a été dévoilée pour la première fois en 2018 à l’occasion de Paris Photo au Grand Palais à Paris. Elle a fait l’objet d’un ouvrage paru aux éditions Acte Sud en octobre 2020.
Bienvenue en Corée du Nord, pays le plus fermé du monde … un sujet d’une actualité brûlante en 2020 alors que se jouait un bras de fer nucléaire entre Kim Jong-un et Donald Trump. Alors que les photographes professionnels y sont normalement interdits de séjour, Stephan Gladieu a pu réaliser en 2017, mais toujours sous surveillance, des portraits au Pays de Kim Jong-un. Malgré l’omniprésence de la propagande, il pose un regard très personnel et d’une grande humanité sur les habitants de ce pays.
De la banalité du quotidien en Corée du Nord, Stephan Gladieu a su capturer la quintessence de la dimension idéologique et sociétale d’un des pays les plus fermés au monde. Dans chaque scène même la plus anodine affleure la puissance de l’interdit, transparait le non dit, chaque décor constitue le fragment d’une histoire sous contrôle, codifié, rend visible et palpable la propagande … un univers Orwellien d’un autre âge et d’une inquiétante étrangeté.
Où est la vie, où s’arrête le décor … Des images qui fascinent par leur côté irréel, trop lisse pour correspondre à la réalité ou plus exactement à notre réalité, d’une exécution parfaite comme nettoyée de toute imperfection, trop lisse pour ne pas créer le malaise chez le regardeur.
Dans un pays qui compte 25 millions d’individus, où le comportement est étroitement contrôlé, le photographe a su faire émerger l’individualité dans des scènes de rues ou sur les lieux de travail. Les décors s’apparentent à ceux d’un film ou d’une pièce de théâtre tant ils sont « parfaits », avec le plus souvent en arrière plan des images de propagandes ou le portrait du guide suprême seul autorisé à être visible.
Pris seul, chaque portrait pourrait s’apparenter à une propagande édulcorée de ce régime dictatorial. Considérées dans leur ensemble, ces images ont une uniformité troublante. Gladieu considère que la subversion est dans cette répétition même. Ici, le virtuel est le réel ne forment qu’un, on est face à une réalité humaine sans commune mesure avec tout ce que l’on connaît. L’utopie communautaire qui fut un moteur idéologique du XXe siècle trouve là son aboutissement : ici tout n’est que spectacle, un simple spectacle.
Portraitiste hors norme, Stephan Gladieu livre cette série et nous invite à découvrir des clichés haut en couleurs, aux confins de la peinture de genre et du surréalisme. Chaque portrait est une ode à la couleur, chaque visage un hymne a l’étrangeté, chaque décor une théâtre naturaliste. L’ensemble compose une féérie multicolore, où le kitch et le suranné, tenue de travailleur ou costume militaire le dispute à l’étrangeté des décors à la manière d’images d’Epinal re-colorisées comme pour leur redonner vie.
Ses portraits ont la force de rendre compte avec une infinie justesse, de cette réalité augmentée, ou chaque individu est à la fois acteur et spectateur, là ou la réalité nie l’individu, Gladieu réussi à leur redonner un peu d’humanité.
Olivier Castaing, Directeur artistique, septembre 2018
Stephan Gladieu repousse les limites de la photo documentaire et de reportage pour la faire entrer dans le champ de la fiction et leur conférer une dimension...
Un photographe et photojournaliste de premier plan